Tout au long de la vie, le jeu nous permet d’acquérir de nouvelles connaissances et compétences sans que l’on s’en rende nécessairement compte. Les apprentissages se produisent de manière naturelle, dans le plaisir et la spontanéité. Pour mieux le comprendre, pensons à un bébé qui joue. En s’amusant, celui-ci découvre le fonctionnement de son corps, de son environnement, et même quelques-unes des lois physiques à l’œuvre sur notre planète. Par exemple, c’est en observant sa tour s’écrouler avec fracas qu’il comprend que le bruit qu’il entend est provoqué par la chute des cubes sur le sol. Fort de cette nouvelle découverte, comme un véritable petit scientifique, le bambin continuera ensuite ses expérimentations en jouant à jeter tout ce qui atterrit entre ses mains, y compris au moment des repas… En grandissant, les jeux qu’il pratiquera se diversifieront et lui permettront d’apprendre de plus en plus de choses. Cela reste vrai tout au long de la vie ! N’importe quel jeu offre la possibilité de réaliser des apprentissages ou d’améliorer des compétences, et ce, que l’on ait 3 mois, 3 ans, 30 ans, ou beaucoup plus !

Si les enfants ont toujours autant envie de jouer, c’est tout simplement parce qu’ils aiment ça. Et c’est normal, puisque le véritable but du jeu, c’est l’amusement. Jouer, c’est avoir rendez-vous avec le plaisir, l’imaginaire et les émotions. C’est oser se laisser aller, rêver, donner libre cours à sa créativité. Mais attention, le jeu n’est pas réservé aux enfants ; il apporte également de nombreux bienfaits aux adultes ! Vous vivez une période tendue et ressentez le besoin de recharger vos batteries ? Inutile de partir loin pour vous déconnecter… Réunissez quelques proches, organisez une soirée-jeux et profitez de ce moment privilégié pour redécouvrir le plaisir de vous amuser en toute insouciance. En d’autres termes : si votre niveau de stress atteint des sommets ou que vous avez un coup de blues, reconnectez-vous avec votre âme d’enfant. Optez pour le jeu et vous réussirez enfin à quitter pour quelques instants vos gros souliers d’adultes et tous les tracas qui vont avec ! Et pour que cet état de bien-être vous accompagne tout au long de la vie, accordez chaque jour suffisamment de place au jeu !

Chaque fois qu’un jeu permet à un enfant d’aller plus loin, de se surpasser, de réussir une tâche qu’il pensait ne pas savoir faire, il prend alors conscience de l’étendue de ses compétences, ce qui l’aide à gagner confiance en lui. Plus cet enfant joue, plus il rencontre des défis (il se demande où placer telle pièce, comment passer au niveau supérieur, etc.). Et chaque fois qu’il les surmonte, il se rend compte de tout ce qu’il est capable d’entreprendre. En réussissant un nouveau puzzle ou en terminant un nouveau bricolage, il découvre que certaines choses qu’il ne savait pas réaliser quelques mois auparavant deviennent possibles avec le temps. Il prend alors confiance en ses capacités et commence à agir avec plus d’assurance.

En raison de son jeune âge, l’enfant se trouve rarement dans une position de force. À la maison comme à l’école, on attend de lui qu’il fasse ce qu’on lui demande. Même dans les cas où la plus grande bienveillance est appliquée, son pouvoir de décision est moindre que celui des adultes qui l’entourent. Les règles auxquelles il doit se conformer ont beau être mises en place pour le protéger et l’aider à se structurer, il en résulte souvent un sentiment de faiblesse et de frustration : « Je ne peux jamais rien faire ! » C’est là où le jeu est salvateur, car si la plupart des enfants grandissent sans être traumatisés par cette place où l’on décide de tout pour eux, c’est parce qu’il leur reste un espace où ils sont rois. Et cet espace privilégié, c’est dans leurs jeux qu’ils le trouvent. C’est en jouant qu’ils peuvent décharger les frustrations qu’ils ressentent. C’est en jouant qu’ils reprennent le pouvoir sur la réalité. Pour oublier l’impuissance du statut d’élève, ils se transforment en maître d’école ; ils deviennent l’infirmière qui fait des piqûres et non plus le patient qui les subit ; ils se changent en superhéros courageux, en pompier qui sauve les familles en détresse, en scientifique qui trouve le remède parfait… Et même s’ils n’incarnent ces personnages que pour quelques instants, ces quelques minutes précieuses leur font énormément de bien !

Un enfant qui vit des événements difficiles a tendance à les refouler ou à les extérioriser. Le refoulement n’est efficace qu’à court terme : tôt ou tard, ce qu’il a enfoui au plus profond de lui risque de ressortir avec encore plus d’intensité. Il vaut donc mieux l’aider à verbaliser ses problèmes. Malheureusement, tout le monde n’y arrive pas si facilement. La pudeur, l’éducation (Tu ne pleureras pas ! Tu ne te plaindras pas !), ou une mauvaise maîtrise du langage peuvent compliquer la verbalisation. Si c’est le cas de votre enfant, c’est en l’incitant à jouer que vous l’aiderez le mieux ! En effet, lorsque les mots manquent, c’est par le jeu que les émotions trouvent une autre voie pour s’exprimer. Votre loustic a eu très peur du chien des voisins ? Proposez-lui de rejouer la scène avec des figurines (en y rajoutant une dose d’humour pour dédramatiser l’événement). Il craint sa prochaine visite chez le dentiste ? Jouez ensemble les rôles du soignant et du patient pour qu’il se familiarise avec ce qui se passera. Il se fait embêter à la récré ? Jouez avec des marionnettes pour l’aider à trouver les mots qui lui permettront de faire respecter ses limites. Etc. Les possibilités sont nombreuses, mais dans tous les cas, il s’agit de rejouer les événements difficiles pour prendre du recul et réussir à exprimer ses émotions. Le jeu devient alors un véritable moyen de guérison qui permet à l’enfant de panser ses plaies tout en se changeant positivement les idées.

Les enfants ne sont biologiquement pas prévus pour rester sagement assis en place. Leur enthousiasme et leur curiosité les poussent à bouger et à s’impatienter lorsque les choses ne vont pas assez vite à leur goût. Leur cerveau encore immature ne leur permet pas de canaliser leurs réactions. Par conséquent, leurs pulsions débordent parfois… et c’est normal ! Apprendre à se maîtriser prendra quelques années au cours desquelles ils auront plus que jamais besoin de jouer. Vous aimeriez que vos loustics soient plus calmes et conciliants ? Laissez-les jouer davantage ! Plus vous leur offrirez d’occasions de jouer, plus ils auront la possibilité de décharger l’énergie qui bouillonne en eux, ce qui évitera qu’elle se transforme en quelque chose de négatif comme les fameuses bêtises faites par impulsivité !

La nature humaine a beau faire de nous des êtres sociaux, les relations sociales comportent de nombreuses subtilités qui doivent être apprises. Pour ce faire, il n’existe à nouveau rien de mieux que le jeu ! Les expériences vécues pendant les temps de jeu aident les enfants à mieux comprendre les codes sociaux. Pas besoin de longues explications théoriques, c’est en jouant avec leurs camardes qu’ils apprennent le plus efficacement à faire attention aux autres, à s’adapter à eux, à les respecter, à coopérer, à résoudre des conflits, à poser leurs limites, etc.

Lorsque vous jouez réellement, vous vous laissez aller et dévoilez aux autres des facettes de votre personnalité qu’ils ne connaissaient peut-être pas. Par la même occasion, vous découvrez vous aussi vos partenaires de jeu d’un œil nouveau, ce qui améliore votre compréhension et par conséquent votre relation. En vous amusant ensemble, vous vous rapprochez des personnes avec qui le jeu est partagé, ce qui permet de tisser des liens affectifs solides. Avantage non négligeable : les bienfaits du jeu à plusieurs durent bien après le moment de jeu ! La partie de mimes qui vous a tellement plu a beau être terminée depuis des semaines, il vous suffit d’y repenser pour que le souvenir de ce moment de complicité renforce encore la qualité de votre relation avec les autres joueurs ! Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que nos enfants passent autant de temps à jouer les uns avec les autres. En tant qu’adultes, nous aurions d’ailleurs tout intérêt à prendre un peu plus souvent exemple sur eux…

Quand un enfant présente un comportement perturbateur, la plupart des gens se concentrent sur ce qui les irrite sans chercher à en comprendre les causes. Ils se plaignent, s’énervent, puis le punissent. Or, la sanction (ou la menace) ne sert souvent qu’à arrêter temporairement le comportement problématique. Le problème initial n’étant pas résolu, il réapparaîtra tôt ou tard sous une autre forme, ce qui exigera d’autres punitions (pas nécessairement plus efficaces !). Pire, la réaction frontale de l’adulte entraîne bien souvent une surenchère de la part de l’enfant qui se sent incompris (puisque son problème n’est toujours pas résolu…). Rapidement, la situation qui n’était pas si dramatique au début semble sans issue. Pourtant, il aurait été possible d’éviter bien des cris et des tensions… Comment ? Tout simplement en faisant appel au jeu et à l’humour dès les premiers signes de crispation. Il s’agit donc d’utiliser le jeu préventivement, pour détourner l’attention du sujet de discorde, ce qui permet d’apaiser la situation et de repartir du bon pied. Mais qu’est-ce que ça donne concrètement ? Imaginons qu’en pleine promenade, votre enfant commence à râler et refuse de continuer à marcher. Plutôt que d’entrer en conflit avec lui, vous pourriez organiser un jeu qui lui donnera l’impression que le temps passe plus vite (le premier qui trouve une voiture jaune a gagné, etc.), opter pour l’exagération comique (en vous plaignant avec lui tout en affirmant que vous n’avancerez pas tant qu’une limousine ne sera pas venue vous chercher), ou faire semblant de devenir tout d’un coup extrêmement maladroit, de vouloir l’attraper pour le chatouiller, etc. En utilisant le jeu, vous détendrez l’atmosphère au moment où vous en avez le plus besoin. L’humour vous aidera aussi à mieux faire passer vos demandes et vos messages, à établir des limites ou à rappeler votre enfant à l’ordre sans qu’il le prenne mal et s’oppose.

En jouant avec vos enfants, en leur lançant des défis, en les faisant rire, vous leur montrez que vous aimez passer du temps avec eux. Lorsque vous les rejoignez dans leurs jeux, c’est vous qui faites l’effort d’accéder à leur univers. N’est-ce pas la plus belle façon de leur prouver votre amour ? Plus vous apprendrez à apprécier ces moments de jeu, plus vous serez détendu et vous vous rapprocherez de vos enfants. Très vite vous constaterez qu’en plaçant le jeu au centre de votre quotidien, votre vie de famille deviendra plus simple et agréable. Vous ne perdez donc rien à essayer ! Rassurez-vous, même si l’éducation ludique ne fait pas encore partie de vos réflexes quotidiens, vous pouvez dès maintenant choisir d’ajouter un petit peu plus de jeu chaque jour, en décidant, par exemple, de réagir avec humour lors des prochaines situations crispantes que vous rencontrerez.